Comment Photographier la Voie lactée

Cet article a été écrit par Arthur du blog Fais de la photo.


S’il y a bien un magnifique objet du ciel qui ne nécessite pas de télescope ou autre pour être observé, c’est bien la Voie lactée. En effet, il n’est pas obligatoire de posséder un instrument astronomique pour photographier la Voie lactée, ou faire de l’astrophotographie. Les plus beaux spectacles que peut nous offrir le ciel à l’œil nu sont à la portée de n’importe quel appareil photo numérique, à condition que l’on puisse faire les réglages nous-mêmes.

La Voie lactée n’est rien d’autre que la galaxie dans laquelle on se trouve. Elle apparaît comme une grande bande faiblement lumineuse, dont la partie la plus lumineuse s’appelle le bulbe et se situe près de la constellation du Sagittaire. Le bulbe est simplement le centre de la galaxie, là où la concentration de gaz et de nuages de poussières y est la plus forte. En France métropolitaine, le bulbe est visible proche de l’horizon au sud entre mars et septembre, et voici comment l’observer.

Le matériel obligatoire

L’Astrophoto c’est pas très compliqué, tant qu’on ne touche pas au ciel profond évidemment 😉. Mais il y a une liste de matériel à avoir pour photographier la Voie lactée, sans lesquels il est impossible de commencer sérieusement.

Un trépied

Trépied ultraléger 152 cm avec sac inclus

Ne comptez pas sur le sol ou des cailloux pour faire tenir votre appareil, j’ai essayé une fois, c’était désastreux. Aujourd’hui, on peut trouver des trépieds pour moins de 20€, l’important reste qu’il soit stable pour que l’appareil photo ne bouge pas pendant les poses, ce qui est super important. Mais attention, les prix bas correspondent généralement à un encombrement et à un poids importants (les trépieds en fibre de carbone sont plus résistants et légers que ceux en aluminium).

Pour l’employer : sachez qu’il est plus stable en position courte, avec les pieds repliés. Assurez-vous que la surface sur laquelle il repose est stable, donc attention au sable et aux graviers. Réglez les pieds de sorte à ce que le plateau sur lequel repose l’appareil photo soit horizontal. Par la suite, vous pourrez commencer à viser la partie du ciel qui vous intéressera. Et enfin, protégez votre trépied contre le vent avec un sac à dos, etc… Il existe aussi des minitrépieds qui peuvent se révéler tout aussi efficaces et moins encombrants, mais moins pratiques.

L’appareil photo

L’appareil photo (ou APN) que vous allez utiliser ne doit pas forcément être un appareil incroyable, mais il y a quelque chose d’indispensable que votre appareil doit avoir : un mode manuel. Sans ça vous ne pourrez pas faire de poses longues et régler l’exposition correctement.

Pour photographier la Voie lactée, les temps de poses se compteront en dizaines de secondes, en fonction de l’ouverture et des réglages, et les appareils tels que les compacts ne peuvent aller au-delà d’une ou deux secondes de pose (leurs capteurs ne sont pas faits pour ça), c’est pour ça que l’Astrophoto nécessitera au minimum un Bridge, ou de préférence un Reflex.

Si la question du matériel photo vous pose problème je vous renvoie à cet article 🙂 Pour la question de quel objectif avoir, ne vous souciez pas trop des caractéristiques techniques, prenez un objectif qui a une courte focale comme le 18-55 f/3.5-5.6, et dézoomez au maximum pour pouvoir avoir une bonne partie de la Voie Lactée dans le cadre, et avec la valeur d’ouverture (f/ ) la plus basse possible.

reflex voie lactée

Les réglages

La mise au point

La mise au point doit être faite à l’infini. Pour ça, il suffit de viser un objet éclairé suffisamment loin, bien contrasté de son environnement, et de faire le focus dessus. Il peut être fait automatiquement, sinon faites un zoom numérique avec la visée par écran activée (Live View) et réglez la mise au point manuellement.

La vitesse d’obturation

La vitesse d’obturation va déterminer la durée pendant laquelle le capteur va recevoir de la lumière. Pour prendre des photos de constellations comme la magnifique Orion, quelques secondes d’expositions suffiront. Pour photographier la Voie lactée, il faudra compter entre 20 et 30 secondes, voire plus.

Vous pouvez aussi sélectionner le mode Bulb (B) sur la mollette des modes, qui permet de laisser l’obturateur ouvert tant que vous tenez le déclencheur enfoncé. Mais le déplacement de vos doigts sur le déclencheur entraînera des micro-vibrations qui pourront gâcher la pose. L’utilisation d’un intervallomètre sera nécessaire pour activer l’appareil à distance.

Vous n’êtes pas sans savoir que la voûte céleste se déplace, plus précisément autour de l’étoile polaire (enfin presque) dans l’hémisphère nord, et pas loin de la constellation de la croix du sud dans l’hémisphère sud. Les étoiles au niveau de l’équateur se déplacent donc de 15 secondes d’arc par seconde (un degré (°) équivaut à 60 minutes d’arc (‘), donc une minute équivaut à 60 secondes d’arc ( »)).

Une pose de trois secondes suffit pour faire apparaître une légère traînée derrière une étoile proche de l’équateur. Mais pas de panique, ces filés ne sont pas gênants en dessous de 30 secondes de pose. Pour être sûr du temps de pose idéal, divisez 500 par la valeur de votre distance focale (Ex: 500/18 = 28) pour un capteur plein format. Pour un capteur APS-C (plus petit), il faut compter le facteur de « crop », qui agrandit l’image de 1.6 fois (pour Canon, 1.5 fois pour Nikon) par rapport à un capteur plein format. On obtient donc 500/1.6/18 = 17.3 secondes.

Les ISO

Les ISO désignent la sensibilité du capteur à la lumière, plus ils sont hauts, plus l’image sera lumineuse. Mais, monter trop haut les ISO entraîne l’apparition du bruit, une sorte de grain qui apparaît dans les parties sombres d’une photo.

Pour photographier la Voie lactée, ou faire de l’astrophoto en général, baissez d’un ou deux crans en dessous de la valeur maximale (6400 en général) pour éviter d’avoir trop de bruit.

Il est impératif que vous vous trouviez en dehors d’une grande ville, sinon la pollution lumineuse noiera votre image d’un filtre orangé qui gâchera tout.

Shootez en RAW

Toutes les photos que vous allez prendre se doivent d’être dans le format RAW, qui est plus lourd mais beaucoup plus pratique pour le posttraitement des images que vous prendrez, car il capture beaucoup plus d’informations.

Pour cela, allez dans le menu de votre APN, sélectionnez format d’image, enlevez le format JPEG et activez seulement le RAW. J’ai moi-même fais l’erreur de ne pas me mettre en JPEG au début, c’était problématique pour le post-traitement !

Ouvrez le diaphragme 

Le diaphragme est la partie de l’objectif qui laisse plus ou moins passer la lumière, plus il est ouvert, plus l’image sera lumineuse, et donc plus on verra d’étoiles 🙂

Pour ouvrir le diaphragme ouvrez les paramètres, sélectionnez le « f/… » et baissez la valeur du chiffre après le « f » au minimum. Cela aura pour effet d’ouvrir le diaphragme au maximum, et ainsi vous n’aurez pas à trop monter les ISO ce qui minimisera le bruit sur votre image.

Et une dernière chose : activez le retardateur de 2 secondes, pour ainsi éviter les micro-vibrations évoquées précédemment 😉

Voilà quelques conseils qui vous permettront de commencer l’Astrophoto sur les chapeaux de roue ! Et merci à Laura du blog Astronomie Pratique de m’avoir accordé cet article invité ! 🙂

Merci à toi Arthur pour cet article 🙂 Si vous voulez en savoir plus, vous pouvez retrouver Arthur sur son blog : fais-de-la-photo.fr.

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