Visuel assisté en astronomie : comment ça marche ?

En astronomie, une pratique se démocratise de plus en plus : le visuel assisté.
Mais alors qu’est-ce que c’est ?

Comment ça fonctionne ?
Quel matériel faut-il avoir ?
À quels résultats peut-on s’attendre ?

Autant de questions que vous vous posez peut-être…

Et auxquelles on va répondre dans cet article !

On commence tout de suite par quelques explications.

Le visuel assisté en astronomie : qu’est-ce que c’est ?

Vous en avez sûrement déjà entendu parler…
Sans vraiment savoir de quoi il s’agissait.

En astronomie, le visuel assisté est une technique d’observation particulière

À mi-chemin entre l’observation et l’astrophoto.

Vous le savez si vous avez déjà utilisé un télescope…

La grande majorité ne permettent pas l’observation des couleurs.

(En tout cas, pas pour les objets du ciel profond… À moins d’avoir un télescope de très gros diamètre.)

Ainsi, quand on observe une nébuleuse par exemple…

On distingue souvent une vague tache floue. En noir et blanc.

M42
La Nébuleuse d’Orion prise par Laura

La seule manière de voir les nébuleuses dans toute leur splendeur…

Avec leur richesse de couleurs et leurs détails…

C’est de se lancer dans l’astrophotographie.

Et là tout de suite, ce n’est plus le même budget ni la même complexité.

Eh bien en fait, le visuel assisté a pour principal objectif d’observer directement tous ces détails.

En temps réel.

Il s’agit donc d’une alternative à l’observation classique (qui est donc vite limitée)…

Et à l’astrophoto qui ne permet pas un résultat direct.

On l’appelle d’ailleurs aussi parfois OAE, pour Observation Astronomique Électronique.
(Ou en anglais Electronically Assisted Astronomy (EAA).)

Mais alors comment ça marche ?

Pratiquer l’astronomie en visuel assisté : comment ça marche ?

Il existe plusieurs techniques pour pratiquer le visuel assisté en astronomie.

Mais la plus courante consiste à imager et empiler les clichés en direct au fur et à mesure de l’observation.

On voit ainsi se dessiner l’objet en temps réel. Avec de plus en plus de contrastes et de détails.

C’est finalement un peu le même principe que l’astrophotographie.
(On prend plein de clichés qu’on empile pour capter plus de lumière et donc de détails.)

Sauf qu’au lieu de lancer une session de shooting…

Puis de récupérer toutes les images brutes pour les empiler et les traiter avant d’obtenir la photo finale…

(Ce qui prend parfois plusieurs jours voire plus, en fonction de quand on traite les photos.)

On empile en temps réel chaque nouvelle photo au fur et à mesure.
Et on observe directement le cliché obtenu qui évolue à mesure qu’on ajoute de nouvelles images.

On appelle cela le live stacking.

Une autre manière de pratiquer le visuel assisté…

C’est de réaliser un film de l’objet. Et simplement de visionner ce film en direct pour voir l’évolution de l’astre.
C’est surtout intéressant pour les planètes ou la Lune.

Enfin, vous pouvez aussi prendre des clichés successifs sans les empiler. Et simplement les contempler en temps réel.

Ces deux méthodes permettent de se rapprocher un peu plus d’une observation classique, comme on pourrait le faire à l’oculaire.

Tout en permettant de partager avec d’autres personnes en direct.
Sans que ce soit la queue derrière l’oculaire du télescope.

Bien sûr, vous l’aurez compris cela nécessite plus de matériel que l’observation classique.

Et surtout, du matériel particulier.

C’est ce qu’on voit tout de suite !

Quel matériel pour le visuel assisté ?

Vous vous en doutez, pour pratiquer le visuel assisté, il faut une caméra.

C’est indispensable pour prendre les clichés.

Cela peut-être une caméra dédiée à l’astronomie
Ou un APN, même si c’est plus rare (on voit pourquoi par la suite).

Ensuite, généralement, il vous faut un télescope.
(Il est aussi possible de le faire avec un objectif. Mais c’est plus rare, donc on ne rentrera pas dans les détails ici.)

À partir de là, il existe grossièrement 3 manières de pratiquer le visuel assisté.

La première et la plus courante, c’est avec un télescope, une caméra et un ordinateur.

Visuel assisté : télescope, caméra et ordinateur

Sur le papier, c’est assez simple.

Vous avez votre télescope et une caméra, et le tout est relié à votre ordinateur.

Ce dernier est ouvert sur un logiciel dédié type SharpCap. Qui va vous permettre de contrôler la caméra et de visualiser les images.

L’inconvénient, c’est qu’il faut relier la caméra à l’ordinateur avec des câbles.
Il faut donc rester à proximité du télescope.

Et il faut veiller à avoir du matériel compatible (caméra compatible avec un logiciel de live stacking).

(C’est pour ça que souvent on préfère une caméra dédiée à un APN. La compatibilité dépend des marques et des modèles et les fonctionnalités ne sont pas toujours disponibles.)

Ainsi que les bons câbles. Ça nécessite donc un peu de montage et d’être un peu à l’aise avec l’électronique et l’informatique.

Mais ça se fait.

Si l’idée de brancher votre ordinateur à votre télescope vous embête…

Il existe une deuxième technique.

OAE avec un smartphone ou une tablette

Si vous nous suivez, vous avez déjà entendu parler d’un petit boîtier rouge…

Qui permet de programmer une session d’astrophotographie directement depuis son smartphone ou sa tablette…

Dans le confort du canapé !

Ce boîtier rouge, c’est l’Asiair.

asiair

Son rôle est de permettre de piloter son télescope (sa monture) et ses accessoires en WiFi.

Depuis une application disponible sur smartphone ou tablette.

Ce boîtier possède énormément de fonctionnalités différentes…
(Je ne reviens pas dessus ici, ce n’est pas le sujet. Mais si ça vous intéresse, Laura a consacré toute une formation à l’Asiair.)

Et parmi toutes ces fonctionnalités, il y a… le live stacking.

Qui vous permet donc de voir en direct sur votre smartphone l’empilement des clichés pris par votre matériel.

Là encore, il vous faudra un télescope, une caméra (ou un APN), un smartphone (ou une tablette)…

Et un Asiair.

(Il existe également d’autres boîtiers équivalents chez d’autres marques qui proposent cette fonctionnalité. On vous parle ici de l’Asiair, parce que c’est ce qu’on connaît et utilise de notre côté.

Vous pouvez également en bricoler un, mais c’est déjà plus compliqué. Et ça nécessite des connaissances en informatique et en électronique.)

Pour le reste, c’est le même principe, sauf qu’il n’y a pas de câble… Vous pouvez donc vous mettre au chaud !

Enfin, il existe une autre manière de faire du visuel assisté…

Plus simple, mais aussi plus onéreuse.

En utilisant tout simplement un télescope conçu pour ça !

Les télescopes dédiés

Vous en avez sûrement déjà entendu parler…

Ils font débat dans la communauté astronomique…

J’ai nommé les télescopes 2.0 (ou télescopes connectés).

Mais si vous savez, ces télescopes qu’il suffit de poser et d’allumer avant de leur demander de pointer n’importe quel astre tout seul.

En France, deux sociétés se sont lancées dans ce type de télescopes : Vaonis et Unistellar.

Respectivement avec le Stellina et l’eVscope.

eVscope vs Stellina
À gauche : l’eVscope À droite : le Stellina

L’objectif de ces télescopes est de simplifier au maximum la pratique de l’astronomie…
Pour permettre à n’importe qui de profiter des merveilles célestes en seulement quelques clics.

(On consacrera d’ailleurs un article complet à ces télescopes nouvelle génération prochainement.)

Et parmi les fonctionnalités qu’offrent ces deux instruments…
Il y a le visuel assisté.

D’ailleurs, toute observation avec ces télescopes se fait en visuel assisté.
Il n’y a plus d’oculaire optique et l’image que vous voyez est numérique.

Ce n’est pas directement votre œil qui capte la lumière transmise par le télescope. Mais un capteur situé à l’intérieur du tube.

Ainsi, à part sur le second modèle d’eVscope, ces télescopes sont dépourvus d’oculaire.

L’observation se fait directement sur votre écran de smartphone ou de tablette.

L’avantage de ces télescopes, c’est qu’il n’y a donc rien à faire de particulier pour le visuel assisté.

Ils sont déjà équipés de tout le matériel et sont connectés à une application vous permettant de tout contrôler et d’observer.

En revanche, il faudra compter entre 2 000€ et 5 000€ pour vous offrir un de ces instruments.

Et ils ne vous permettront pas de faire de l’observation classique.

Maintenant qu’on a fait le tour des différentes solutions…

Voyons un peu à quoi vous pouvez vous attendre avec le visuel assisté.

À quoi s’attendre avec l’OAE ?

On l’a vu, il existe plusieurs manières de faire du visuel assisté.

Soit en réalisant une vidéo en temps réel de l’astre pour l’observer en direct.

Soit en prenant des clichés successifs.

Avec cette deuxième option, vous avez deux possibilités.
Soit vous observez simplement l’évolution de l’astre cliché après cliché.

Soit vous pouvez empiler en temps réel chaque cliché pour améliorer le contraste et les détails au fur et à mesure.

C’est souvent cette méthode dite de live stacking (pour empilement en direct) qui est privilégiée. C’est un peu la plus intéressante.

Puisqu’elle permet d’obtenir des couleurs et des détails impossibles à voir normalement (à part en astrophotographie).

En fonction de la méthode utilisée, vous n’obtiendrez donc pas les mêmes résultats.

À quoi s’attendre sans empilement ?

La prise successive de clichés non empilés… Ou le visionnage d’une vidéo en direct ne vous permettront bien souvent pas de voir les couleurs.

Vous aurez plus de détails qu’en observant directement à l’oculaire…
(En fonction du matériel et des réglages que vous choisissez.)

astrophotographie brute
La Nébuleuse d’Orion (un seul cliché brut) pris par Laura

Mais ce ne sera jamais aussi coloré et contrasté qu’une astrophotographie.

De la même manière, comme c’est un capteur qui récolte la lumière…

Il en récolte normalement plus que vos yeux. Encore une fois ça dépend du matériel et des réglages utilisés.

Mais ça signifie aussi que vous n’aurez pas le même rendu qu’en observation classique.

On peut s’en rapprocher, mais ce sera difficile voire impossible d’avoir exactement la même image.

C’est pratique pour partager ses observations et donner une idée de ce qu’on peut voir en observation classique…

Mais ça n’est pas complètement représentatif.

Et en empilant en direct alors ?

À quoi s’attendre avec le live stacking ?

Là encore, ça va beaucoup dépendre du matériel, des réglages, mais aussi du logiciel utilisé.
(Ça dépend aussi de l’astre visé nécessairement.)

Généralement, les logiciels de live stacking font un peu de correction et de traitements en plus de l’empilement.

Mais ça reste assez basique et on est quand même assez loin d’un traitement complet comme on peut le faire en astrophotographie classique.

Nébuleuse d'Orion Télescope

Néanmoins, avec un bon télescope et une bonne caméra, on peut déjà obtenir des résultats très bons.

Et avec le live stacking on est donc plus proche de l’astrophotographie que de l’observation.

Parce que même avec un énorme télescope, on ne pourrait pas obtenir ce type d’image en observation directe.

L’empilement progressif permet de voir l’objet évoluer au fil du temps.

Parce que le premier cliché sera en noir et blanc avec peu de détails. Et petit à petit, à mesure que les clichés s’empilent, vous commencerez à voir les couleurs et les détails apparaître.

Cette méthode est souvent appréciée par les astronomes qui souhaitent partager leurs observations. Surtout à des personnes qui n’ont pas l’habitude d’observer.

Parce que quand on n’y connaît pas grand-chose en astronomie…

C’est vrai que fixer une vague tache floue, ça ne fait pas trop rêver. Surtout quand on s’attendait à voir des poussières colorées comme sur les photos.

Le live stacking est en ce sens une alternative à l’astrophoto. Puisqu’il s’agit d’une observation améliorée en direct.

C’est la rencontre entre l’observation classique.
Où on voit vraiment là tout de suite l’objet, mais avec peu voire pas de couleurs et de détails.

Et l’astrophotographie qui donne de superbes images… Mais pas en direct.

En résumer, en terme de qualité d’image, pour le visuel assisté…

On est entre l’observation améliorée et une astrophotographie moyenne.

Conclusion

Et voilà, on a fait le tour ensemble de ce qu’est le visuel assisté en astronomie…

Et de ce que vous devez savoir pour vous lancer !

Certains astronomes apprécient beaucoup cette technique…
Quand d’autres jugent que ce n’est pas vraiment de l’astronomie.

Comme toujours, les avis divergent et il y a débat.

Mais vous le savez, pour nous, la meilleure manière de pratiquer l’astronomie…
C’est celle que vous préférez !

Et vous, dites-nous, vous avez déjà tenté le visuel assisté ?

On a hâte de lire vos retours dans les commentaires !

Mais surtout, quelle que soit la méthode utilisée…
N’oubliez pas de garder la tête dans les étoiles ✨

6 réflexions au sujet de “Visuel assisté en astronomie : comment ça marche ?”

  1. Bonjour Laura, sympa ton article et c’est vrai qu’avec l’asiair le live staking c’est quand même abordable. Un bon moyen pour sensibiliser les jeunes aux beautés du ciel nocturne car j’ai remarqué qu’avec le visuel classique il décrochent très vite sauf peut-être en planétaire et encore ! Cordialement.

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    • Hello Philippe,

      Contente que l’article t’ait plu 🙂

      C’est vrai que c’est plus facile de partager avec le visuel assisté, ça donne plus envie, surtout pour les objets du ciel profond !

      Je pense que ce n’est pas forcément une question d’âge (même si on sait que c’est toujours plus compliqué de garder l’attention des plus jeunes). Quand on ne s’intéresse pas particulièrement à l’astronomie, observer des taches floues n’est pas forcément très attirant quel que soit l’âge.

      Belle journée,

      Marion

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  2. Bonjour Marion
    J’ai un newton sur monture altazimutale motorisée que je voudrais utiliser pour le visuel assisté. Comme je trouve votre site très clair, avant de l’explorer en détail et de m’inscrire à une formation, je voudrais avoir des réponses aux à trois questions s’il vous plaît.
    1- Est-ce que le logiciel SharpCap travaille aussi avec les montures altazimutales ?
    2- Je pourrais m’abriter du froid à une vingtaine de mètres du télescope ; est-ce que ce n’est pas trop loin si j’utilise des câbles plutôt qu’un ASIAIR ?
    3- Si je choisis finalement l’ASIAIR, est-ce qu’il gère les montures altazimutales aussi bien que les montures équatoriales ?

    Et merci pour tout ce boulot et ces belles images.

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