C’est l’évènement de cet hiver 2023, la comète C/2022 E3 (ZTF) se rapproche de la Terre.
Et sera peut-être bientôt visible à l’œil nu.
Cette comète, on ne l’avait pas vue depuis 50 000 ans !
Pour tout savoir sur elle et comment l’observer, c’est par ici !
Mais avant de découvrir C/2022 E3 (ZTF) en détails, commençons par voir rapidement ce qu’est une comète.
Table des matières
Une comète : qu’est-ce que c’est ?
Les comètes sont de petits objets célestes constitués d’un noyau de glace et de poussière en orbite (souvent de forme elliptique très allongée) autour d’une étoile.
En général, les comètes dont on parle orbitent autour de notre étoile : le Soleil.
Lorsqu’elles se rapprochent de lui, elles sont soumises à de nombreuses forces (vent stellaire, gravitation…)
Sous l’effet du Soleil, le noyau de glace s’entoure alors d’une couche de poussières et de gaz brillante. C’est la chevelure, ou coma, de la comète.
(Le mot « comète » vient d’ailleurs du grec et signifie astre chevelu.)
La plupart des comètes que nous connaissons proviennent soit de la ceinture de Kuiper ou du nuage d’Oort.
Ces deux zones du Système solaire sont connues pour abriter des astéroïdes.
D’ailleurs, la différence entre astéroïde et comète est assez floue.
On les distingue généralement d’après la présence ou l’absence d’une coma.
Signe de la sublimation du noyau de glace que l’on appelle parfois activité cométaire.
Les comètes se composent de trois parties : le noyau, la coma (ou chevelure) et les queues (généralement une queue de plasma et une queue de poussière).
En se rapprochant du Soleil, le noyau des comètes passe de l’état solide à l’état gazeux. C’est ce qu’on appelle la sublimation.
Et c’est à ce moment-là que les queues se forment et que les comètes deviennent potentiellement visibles.
En effet, leur magnitude augmente sous l’effet du Soleil.
Et si elle augmente suffisamment et qu’elles se rapprochent suffisamment de la Terre, la comète devient visible.
Parfois même à l’œil nu.
Les comètes : des objets imprévisibles
Cependant, il est difficile de prévoir si une comète sera visible ou non à l’avance.
Ce sont des objets très imprévisibles.
Et même si on connaît leur trajectoire à l’avance, on ne peut pas vraiment prévoir avec certitude leur degré de visibilité.
Cela dépend de l’intensité des interactions qu’elles vont avoir avec le Soleil, qui va définir leur magnitude.
Mais surtout, si la comète passe trop près du Soleil ou qu’elle subit des effets trop importants, son noyau peut se scinder.
La comète se désagrège alors et on ne voit rien.
Par ailleurs, elle peut également rencontrer d’autres objets sur sa trajectoire, qui vont alors soit la dévier, soit lui causer des dommages.
Bref, avant de s’approcher suffisamment de la Terre, la comète peut subir beaucoup d’épreuves qu’il est difficile de prévoir à l’avance.
C’est pour cette raison qu’on ne commence généralement à parler d’une comète que très peu de temps avant qu’elle n’arrive à son maximum de visibilité.
Et qu’il arrive parfois malgré tout qu’on ne puisse pas la voir.
Mais dans le cas de C/2022 E3 (ZTF), on sait maintenant qu’elle est passée suffisamment loin du Soleil pour espérer pouvoir l’observer.
Au moins au télescope et aux jumelles.
Et justement allons découvrir cette fameuse comète d’un peu plus près.
La comète C/2022 E3 (ZTF)
Contrairement à Neowise ou Leonard, les dernières comètes qui ont fait parler d’elles, C/2022 E3 (ZTF) n’a pas de petit surnom.
Cette dernière a été découverte le 2 mars 2022 par le programme de détection automatique ZTF, pour Zwicky Transient Facility.
Ce programme se trouve dans l’observation de Palomar, dans l’état de Californie, aux États-Unis.
C/2022 E3 (ZTF) est passé à son point le plus proche du Soleil le 13 janvier dernier.
Et elle sera au plus proche de la Terre le 1er février.
C’est à ce moment-là qu’elle devrait être la plus lumineuse.
Et donc potentiellement visible à l’œil nu.
Mais elle devrait pouvoir être visible avant cette date.
Au moins avec une bonne paire de jumelles ou un télescope.
On estime que sa magnitude sera comprise entre 5 et 6, et qu’elle pourrait peut-être même descendre jusqu’à moins de 5.
(Pour rappel, plus la magnitude d’un astre est faible, plus il est lumineux.)
Autre fait intéressant, elle n’était pas passée près du Soleil depuis environ 50 000 ans !
Elle possède donc une très longue période et est d’ailleurs considérée comme une comète non périodique.
En effet, normalement on considère comme périodique toutes les comètes que l’on a observées à plus d’un périhélie.
C’est-à-dire, les comètes qui sont déjà passées plus d’une fois au point de leur orbite le plus proche du Soleil.
Mais en pratique, seules les comètes dont la période orbitale est inférieure à 200 ans sont considérées comme périodiques.
C’est d’ailleurs pour ça que la comète s’appelle C/2022 et non pas P/2022.
Et justement, avant de voir comment l’observer, arrêtons-nous un instant sur son nom.
La dénomination des comètes
Comme on l’a vu, C/2022 E3 (ZTF) n’a pas de petit surnom.
Et son nom est assez long et compliqué.
Mais évidemment, il n’a pas été choisi par hasard.
Et on peut d’ailleurs apprendre plein de choses sur la comète en s’intéressant à son nom.
Comme on l’a vu rapidement, la première lettre fait référence au type de comète.
C’est soit P, soit C, soit D.
P désigne les comètes périodiques, c’est-à-dire celles qui mettent moins de 200 ans pour compléter leur orbite.
C désigne à l’inverse les comètes non périodiques.
Et enfin, D désigne les comètes disparues ou perdues.
Ce sont des comètes pour lesquelles nous ne possédons plus suffisamment de données pour estimer leur trajectoire.
On ignore donc où elles sont.
Ça peut être soit parce qu’elles ont été déviées.
Soit parce qu’elles ont percuté un autre objet et qu’elles se sont désagrégées.
La suite du nom des comètes nous donne des indications sur leur découverte.
Le nom des comètes : de précieuses informations sur sa découverte
Ici, 2022 désigne ainsi tout simplement l’année de sa découverte.
La lettre et le chiffre qui suivent, E3, nous indiquent plus précisément à quelle période de l’année cette découverte a eu lieu.
La lettre correspond à la quinzaine pendant laquelle elle a été découverte, en suivant l’ordre alphabétique.
A désigne ainsi la première quinzaine de janvier…
B la deuxième quinzaine…
C la première quinzaine de février…
Dans le cas de C/2022 E3 (ZTF), E correspond donc à la première quinzaine de mars.
(La comète ayant été découverte le 2 mars 2022.)
Enfin, le chiffre 3 désigne l’ordre dans laquelle elle a été découverte durant cette quinzaine.
Ainsi, C/2022 E3 est la troisième comète à avoir été découverte dans la première quinzaine de mars.
Quant aux trois lettres entre parenthèses, ZTF, elles désignent tout simplement le découvreur de la comète.
Ici, il s’agit du programme ZTF.
Aujourd’hui, ce sont souvent des sondes ou des programmes.
Mais avant, c’était plutôt des noms d’astronomes ou d’astrophysiciens.
Maintenant que vous savez tout sur la comète C/2022 E3 (ZTF), il est temps de voir comment l’observer.
Comment observer la comète C/2022 E3 (ZTF) ?
Comme on l’a vu rapidement, une comète atteint son maximum de visibilité lorsqu’elle passe au plus proche de la Terre.
Et dans le cas de C/2022 E3 (ZTF), ce sera le 1 février prochain.
Elle pourrait alors être visible même à l’œil nu.
Mais en attendant, il sera possible de l’observer avec une bonne paire de jumelles ou un télescope.
De préférence sous un ciel bien noir, avec le moins de pollution lumineuse possible.
Bien sûr, plus vous utiliserez un instrument qui grossit beaucoup, mieux vous la verrez.
Mais pour pouvoir l’observer, il faut déjà la trouver !
Pour ça, on va voir ensemble où elle se situe jour après jour.
Où trouver la comète C/2022 E3 (ZTF) ?
Jusqu’au 13 janvier dernier, la comète se trouvait dans la constellation de la Couronne Boréale.
Elle est ensuite passée dans la constellation du Bouvier, jusqu’au 21 janvier.
À partir du 15 janvier, sa position la rend visible toute la nuit.
On dit alors qu’elle est circumpolaire.
C’est également autour de ces dates qu’elle semble se déplacer de plus en plus rapidement dans le ciel.
Ça signifie que d’un jour à l’autre, sa position changera plus vite.
Il sera donc un peu plus difficile de la retrouver si vous l’observer sur plusieurs jours.
À partir du 21 janvier, la comète sera dans la constellation du Dragon.
C/2022 E3 (ZTF) sera alors visible dans la direction du Nord.
Mais elle sera encore un peu basse sur l’horizon en début de nuit à ce moment-là.
Il vaudra donc mieux attendre un peu plus (le milieu de nuit) pour l’observer dans les meilleures conditions.
En effet, plus un objet est bas sur l’horizon, plus la lumière doit traverser une couche épaisse de l’atmosphère pour nous parvenir.
Et donc plus la qualité de l’image est dégradée.
Le 21 janvier correspond à la date de la Nouvelle Lune.
Ça signifie que la luminosité lunaire est à son minimum et donc qu’elle gênera le moins nos observations.
Ainsi, jusqu’au 28 janvier, date du Premier Quartier de Lune, les conditions lunaires seront idéales.
Car lorsque la Lune est trop lumineuse, son éclat gêne nos observations, surtout pour les objets peu lumineux comme la comète.
Un ciel bien noir est donc idéal.
À partir du 26 janvier, vous trouverez la comète dans la Petite Ourse.
Elle y restera quelques jours, puis passera dans la Girafe à partir du 29.
C’est dans la Girafe qu’elle se trouvera le 1 février quand elle sera au plus près de la Terre.
Observer la comète à son maximum de luminosité
C’est donc en théorie le 1 février le meilleur jour pour observer C/2022 E3 (ZTF).
Puisque c’est là qu’elle devrait être la plus lumineuse et donc la plus visible.
Le problème, c’est que la Lune sera également bien lumineuse, puisqu’elle sera pleine le 5 février.
Au 1 février, cette dernière sera donc déjà bien brillante.
Par ailleurs, elle sera également proche de la comète.
En effet, la Lune sera dans la constellation du Taureau le 1 février.
Son éclat et sa proximité devraient donc malheureusement gêner les observations de la comète.
Malgré tout, vous pourrez bien sûr tenter de l’apercevoir si la météo le permet.
Observer C/2022 E3 (ZTF) après le 1 février ?
Bien sûr, la comète sera encore visible même après avoir passé son point le plus proche de la Terre.
Elle commencera progressivement à s’éloigner et perdra en luminosité après le 1 février.
Mais nous aurons encore de belles occasions d’en profiter malgré tout.
La Lune continuera en revanche à se rapprocher de la comète puisqu’elle sera en Gémeaux les 2 et 3 février.
Elle passera ensuite dans le Cancer à partir du 4 et commencera à s’éloigner de la comète ensuite.
De son côté, C/2022 E3 (ZTF) passera dans la constellation du Cocher à partir du 4 février.
Et nous aurons d’ailleurs trois belles occasions de l’observer facilement par la suite.
Trois belles occasions d’observer C/2022 E3 (ZTF)
Dans la nuit du 5 au 6 février, elle sera très proche de l’étoile la plus brillante du Cocher : Capella.
Il sera ainsi possible de voir la comète et l’étoile dans le même champ avec une bonne paire de jumelles. Ou un télescope qui grossit peu.
Vous pourrez aussi tout simplement vous servir de l’étoile pour repérer plus facilement la comète.
Et l’observer seule dans un télescope de grande focale pour en profiter au mieux.
À partir de cette période, la comète commence à se déplacer moins rapidement dans le ciel.
Elle sera donc moins difficile à retrouver d’un jour à l’autre.
Le 7 février, elle cessera d’être visible toute la nuit. Elle se couchera alors aux alentours de 7h du matin.
Puis, progressivement de plus en plus tôt.
Elle commencera donc également à être de plus en plus basse, en fin de nuit puis en milieu de nuit.
Le 9, la comète passe dans le Taureau, où elle ira rencontrer successivement Mars puis l’étoile Aldébaran (la plus brillante du Taureau).
Ainsi, dans la nuit du 11 au 12 février, vous pourrez observer la comète et Mars côtes à côtes.
Là encore, ce sera possible dans une bonne paire de jumelles ou un télescope qui grossit peu.
(Il sera évidemment toujours possible de se servir de Mars pour observer la comète seule avec un télescope de plus grande focale.)
Ce sera ensuite au tour d’Aldébaran dans la nuit du 14 au 15.
Ça fait donc trois belles occasions de repérer facilement la comète.
Après ce sera plus compliqué de l’observer puisqu’elle s’éloigne et perd en luminosité.
Les dernières occasions d’observer la comète
Malgré tout, vous pourrez encore tenter de l’observer autour du 20, date de la Nouvelle Lune.
L’absence de luminosité lunaire pourra alors vous permettre de la distinguer.
Comme on l’a vu, elle se couche également de plus en plus tôt.
Ce qui laisse une fenêtre assez courte pour l’observer dans de bonnes conditions. Puisqu’elle sera basse sur l’horizon assez tôt.
Elle quitte ensuite le Taureau le 3 mars pour rejoindre l’Éridan.
Elle pourra encore être visible tout le mois de mars avec un bon télescope.
Mais ce sera moins facile et moins intéressant.
Disparaissant de plus en plus tôt, C/2022 E3 (ZTF) ne sera plus visible qu’en tout début de nuit, jusqu’aux alentours du 10 avril.
(Il est possible de suivre la trajectoire de la comète dans Stellarium.
Je vous montre comment faire dans la vidéo en haut de l’article.)
Les dates à retenir pour contempler C/2022 E3 (ZTF)
En résumé, pour profiter au mieux de la comète, voici les dates les plus importantes.
En premier, c’est la semaine du 21 au 28 janvier qui sera intéressante, puisque les conditions lunaires seront idéales.
Ensuite, évidemment, la nuit du 1 février.
Car malgré la présence de la Lune, c’est à cette date que la comète devrait être la plus lumineuse.
Après, ce sera la nuit du 5 au 6 février, durant laquelle C/2022 E3 (ZTF) sera proche de Capella dans le Cocher.
Une occasion de la trouver plus facilement.
Il y aura ensuite la nuit du 11 au 12 février, où la comète sera proche de Mars.
Puis la nuit du 14 au 15, où elle sera proche d’Aldébaran dans le Taureau.
Et voilà, vous avez normalement toutes les infos pour profiter au mieux de la comète C/2022 E3 (ZTF) !
En complément, on vous a préparé un document PDF qui reprend toutes les infos utiles.
Ainsi que des cartes pour suivre la trajectoire de la comète jour après jour.
Vous pouvez récupérer tout ça gratuitement ici 🙂
On croise les doigts pour que vous puissiez l’apercevoir 🤞🏻
Et pour ça, comme d’habitude…
Gardez la tête dans les étoiles ✨
Chères Laura et Marion bonjour,
Je m’appelle Denis et je possède un Dobson 150/1200. J’envisage d’acquérir
d’ici un an ou deux un autre Dobson de plus grand diamètre (450 ou 500). D’abord merci pour vos conseils en vidéo qui me sont d’une aide précieuse. J’ai juste une petite question:
est-il possible par des filtres, une technique ou un certain matériel, d’effectuer des observations en couleur(s)? Je trouve que la couleur manque énormément à mon goût lors des observations. Merci d’avance pour votre réponse, cordialement, Denis.
Bonjour Denis,
Super projet, tu devrais pouvoir bien te régaler avec un gros Dobson comme ça !
Effectivement, c’est le gros inconvénient des objets du ciel profond en observation, on n’est incapable de distinguer leurs couleurs, qui ressortent pourtant si bien en photo.
C’est une question assez délicate car ça dépend des objets et de la qualité du ciel, mais aussi de la sensibilité de tes yeux (nous ne sommes pas tous aussi sensibles). De notre côté, nous n’avons jamais pu essayer, mais a priori, il serait éventuellement possible de voir une légère teinte sur certains objets très brillants (M42 par exemple) avec un Dobson de très grand diamètre (300 et plus).
Je prends beaucoup de pincettes, car n’ayant pas beaucoup de retours là-dessus et n’ayant pas pu l’expérimenter nous-mêmes, je ne voudrais pas t’affirmer quelque chose qui pourrait se révéler faux.
Il existe en revanche un accessoire qui permet d’améliorer grandement les observations (indépendamment de la couleur) dont nous avons eu un très bon retour d’un des membres de l’Académie qui l’avait testé, c’est la tête binoculaire. Cette dernière permet (en plaçant les deux mêmes oculaires de chaque côté), de pouvoir observer au télescope avec les deux yeux en même temps. Ce qui permet, d’une part, de récolter plus de lumière et d’autre part, d’avoir un effet de relief sur les astres.
A priori, ça apporte vraiment une autre dimension aux observations. Bon par contre, idéalement il faut en choisir une bonne et avec deux bons oculaires pour en profiter au max et là, ça représente un bon budget.
Voilà, j’espère que ça pourra déjà t’aider 🙂
Belles observations à toi,
Marion